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SELVAGGIO BLU - 2010

Départ : 1 mai 2010

Arrivée : 6 mai 2010

 

 

Créé à la fin des années 80, le Selvaggio Blu (Bleu Sauvage) est considéré comme étant un des plus durs treks d’Italie, voire d’Europe. Ce parcours traverse la très belle baie d’Orosei en Sardaigne par un tracé «suspendu» au dessus de la mer. Le terrain alterne entre des lapiaz de calcaire dur, donc très abrasif et coupant, des cheminements plus ou moins techniques dans les falaises, et quelques chemins à travers un maquis dense. Plusieurs pas d’escalade nécessitent l’encordement, et plusieurs rappels de 20 à 45 m jalonnent l’itinéraire. Sur certaines portions, le marquage est assez succinct, ou alors presque effacé, ce qui rend parfois l’orientation délicate. Outre ces difficultés techniques, il n’existe aucun point de ravitaillement sur le parcours. De plus, l’eau potable y est extrêmement rare. Bref, il ne faut pas s’y tromper, le Selvaggio Blu est un parcours difficile et engagé.

Nous avons réalisé le parcours en deux demi-étapes de 5 heures (le premier et le dernier jour) et quatre étapes de minimum 9 heures dont une de 12 heures (nous nous étions perdus). Il est possible de faire le parcours plus rapidement. En effet, certains guides organisent la dépose de ravitaillements sur les plages afin de marcher avec des sacs légers. Nous avons croisé un groupe, d’une douzaine de personnes avec trois guides, qui réceptionnait chaque soir des tonnes de matos, de l’eau en bouteille par dizaines, des tentes, des matelas, des bassines d’eau douce pour la toilette, des valises (oui oui, des Samsonites pleines de fringues !!!), un barbecue géant, etc... Bon, ce n’était pas notre philosophie au départ du trek, et cela change considérablement l’engagement. Nous sommes partis avec des sacs à plus de 25 kilos. Dedans, la nourriture pour 7 jours, le minimum de vêtements possibles, le matos d’escalade et de rappel, une réserve d’eau douce de 7 litres chacun (un par jour et par personne) et notre distillateur... 

Une des caractéristiques de ce parcours est le manque d’eau potable. Quelques sources existent, mais elles sont difficiles à trouver. De plus il s’agit souvent de goute à goute qui mettent une semaine à remplir un seau. Si un berger ou un groupe de randonneurs est passé avant vous, il se peut que le seau soit vide... Donc, pour palier à tout manque d’eau potable, nous avons fabriqué un distillateur afin de dessaler l’eau de mer. Notre prototype (800 grammes) donnait un rendement d’un demi-litre d’eau par heure sur notre réchaud à bois. Nous n’avons cependant pas eu besoin de nous en servir. Nous avons trouvé plusieurs seaux et autres réservoirs pour les animaux plein d’eau de pluie plus ou moins propre. Pas très bonne au goût, parfois d’une couleur bizarre, mais une fois pastillée au MicroPur, tout à fait potable. De plus, nous avons rencontré un guide de Courmayeur et sa cliente, qui nous a offert 3 litres d’eau douce le deuxième soir, et puis un autre groupe de quatre Italiens qui nous a donné 3 autres litres le dernier soir. Eux aussi étaient ravitaillés par bateau. En fait nous étions les seuls en autonomie.

Pour ce qui est de la nourriture, nous avons opté pour des céréales nécessitant peu d’eau pour cuire. Nous avons de plus mesuré pour chaque repas le mélange eau douce - eau de mer optimal pour que le plat soit correctement salé. Ces repas étaient principalement constitués de semoule de blé. Le matin nous avons opté pour des flocons d’avoine qui une fois cuits avec un peu d’eau donne le porridge. Pas appétissant, mais énergétique.

Le parcours en lui-même est magnifique. Il consiste à passer d’une Cala (crique) à l’autre en cheminant à travers le maquis ou le long des falaises par des systèmes de vires; en passant grâce aux rappels et pas d’escalade, d’un bois suspendu entre falaise et mer à un autre bois. Il y a un peu de dénivelée (600 m presque chaque jour), qui se fait souvent par des pentes très raides. Le chemin est aérien, vertigineux, passant sur les falaises au dessus de criques que l’on ne peut atteindre que par la mer. Le terrain est souvent dur, beaucoup de rocaille, de lapiaz acérés, de pierriers instables, de maquis très dense. Le risque de chute de pierres est très souvent présent et parfois vraiment dangereux.

Le cheminement n’est pas toujours évident. En fait le tracé utilise d’anciennes traces de bergers ou de charbonniers, qu’il relie entre elles par des pas d’escalades, des rappels, ou de nouvelles traces. Dans les années 90 suite à des initiatives anarchiques de marquage du Selvaggio Blu, la commune de Baunei a décidé d’interdire le marquage des sentier à la peinture. Les indices sont donc parfois très effacés, voire inexistants. De plus les nombreux cochons sauvages font leurs propres chemins, ce qui désoriente un peu plus. 

Les pas d’escalade ne sont jamais difficiles, maximum IVsup. Cependant si vous êtes chargés, ou si comme pour nous il pleut, cela peut vite devenir franchement engagé. Avec nos sacs à 25 kilos, nous avons dû faire plusieurs manipulations pour franchir certains passages exposés, tantôt en les hissant, tantôt en les tirant avec nos cordes. A de nombreuses reprises, on utilise des troncs de genévriers positionnés contre les parois pour franchir des ressauts ou atteindre des vires. Lorsqu’il pleut, ces troncs deviennent tout simplement impossible à utiliser, ce sont de vraies patinoires. Et puis tout au long des sentiers, de nombreux petits passages exposés qui ne nécessitent pas l’encordement, demandent toutefois une grande vigilance.

 

 

Eric Baumgartner

Jérôme Lepretre

Participants :

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